DES LIENS NOMBREUX ENTRE LES
GRANDES RELIGIONS
Nous
passons vite sur l’évidente relation entre judaïsme et christianisme, qui en
est issu, et l’on rappellera plus loin les relations aussi évidentes avec
l’islam, qui puise aux mêmes sources : même Dieu ce qui n’est pas rien,
mêmes messages essentiels, référence aux mêmes prophètes de ce que l’on appelle
la Torah ou l’Ancien Testament. Quand on cherche à comparer ces trois grandes
religions abrahamiques avec le bouddhisme, commençons par cette nuance à
préciser : les puristes relèveront que le bouddhisme n’est pas à
proprement parler une religion ni une philosophie mais une « voie »,
à mi-chemin entre philosophie et religion pourrait-on dire, mais dérivée de
l’hindouisme (dont nous parlerons donc ici en même temps que du bouddhisme) et
adossée en conséquence à d’autres croyances plus purement religieuses ;
inversement on remarque d’autres croyances purement religieuses amènent également
à l’idée d’une « voie » à suivre : ce n’est pas un hasard si
c’est exactement le terme selon lequel les premiers chrétiens désigneront leur
mouvement, comme on le voit notamment dans des épîtres de saint Paul, et donc
la nuance signalée plus haut s’estompe assez vite quand on regarde dans le
détail et des notions provenant de philosophies et de religions différentes se
mêlent et s’inter-influencent depuis toujours.
C’est
ainsi que le christianisme des débuts, comme le judaïsme avec ses courants
kabbalistes, ont très vite fait naître des sectes mêlant croyances égyptiennes
et grecques très proches des idées de réincarnation présentes dans le
bouddhisme ; de même avant eux les Esséniens et les Thérapeutes
d’Alexandrie ; de même certaines religions orientales mêlant islam et
éléments plus anciens ; de même encore avec les courants new age et spirites de nos jours ; cela existe et témoigne
depuis l’aube des temps de ces influences dont nous parlions. Quant aux
courants principaux des grandes religions, ils comportent tout autant, dans le
christianisme comme dans l’islam, des usages, des rites, des encouragements à
la méditation, à la prière, à l’élévation… qui sont aussi extrêmement proches
de ce que l’on trouve dans le bouddhisme : « Le fait est que l’on peut difficilement faire la liste des très
nombreuses ressemblances entre le christianisme et les religions antiques plus
proches, juives, perses, phéniciennes, égyptiennes (idée de la résurrection que
certains rapprochent de celle de la métempsychose, ressemblances marquées avec
certains cultes à mystères, portée religieuse du repas en commun, temples,
prières, chants, encens, parfois célibat, parfois monachisme…) mais aussi avec
les soufis et autres mystiques orientaux plus tardifs (méditation, élévation,
prière, idées de miséricorde divine, d’harmonie avec l’univers voire de fusion
avec Dieu) et même, à une autre période pourtant, et en d’autres lieux bien
plus lointains, avec le bouddhisme (malgré des différences, les ressemblances
sont innombrables dès les principes mêmes, le Bouddha étant un prince qui est
sorti de son palais, a découvert la pauvreté et la souffrance qui règnent dans
le monde, et a promu l’élévation spirituelle qui va jusqu’à guérir tous les
maux et unir avec la divinité dans la vie et après la mort ; pour le
christianisme, Jésus est Dieu qui s’incarne parmi les hommes pour vivre parmi
eux, guérissant, accueillant, s’abaissant, souffrant et mourant ; ce
faisant il a montré un modèle d’existence en proximité avec Dieu tout au long
de la vie et après la mort, permettant aux hommes de s’unir à Lui dans Son
Royaume. À cela s’ajoute bien sûr la proximité de l’idée de la résurrection
avec celle de la réincarnation, ainsi que la proximité des idées de tempérance,
de patience, d’amour et d’harmonie avec l’univers, voire là aussi de fusion
avec Dieu ; mais on relève d’autres points communs superficiels ou plus
profonds tels que, en désordre : louanges, méditation, élévation, temples,
prières, chants, cierges, encens, célibat, monachisme, moines ou ermites
faisant vœu de silence, corps de certains moines bouddhistes miraculeusement
conservés bien après leur mort comme cela arrive pour les corps de certains
saints chrétiens, représentations d’auréoles dans le bouddhisme aussi bien que
dans le christianisme, « mandalas » rappelant les rosaces des
églises, « mala » tibétains rappelant les chapelets catholiques, et
bien sûr l’emploi du terme de « la voie » par lequel les disciples de
Jésus et saint Paul appelaient son mouvement, et qui est le même terme qui
avait été employé par Bouddha).
Illustration
des similitudes nombreuses : moines,
monastères, processions, tonsure, prière,
mantras et litanies, encens, cierges ou bougies… ci-dessus à
gauche dans le christianisme, et à droite
dans le bouddhisme Tout ceci confirme et appuie ce que l’on
remarque dans
Les
ressemblances sont donc évidentes au quotidien, dans les rites, dans les
prières, et dans la plupart des grandes lignes fondamentales comme on va le
voir, sans aller trop loin dans le détail ce qui n’est pas le but ici. On peut même constater que :
« Les liens
entre les messages de Dieu, perçus par les sages, les prophètes et les
mystiques du monde entier, sont si nombreux et si évidents qu’il y a des ponts
très visibles entre tous les humains : le Père Henri Le Saux, notamment, a
été l’un de ces nombreux ponts entre le christianisme et l’hindouisme. On se
rend compte de la proximité entre certaines notions à travers notamment ces
mots : « C'est dans la mesure même où l'homme pénètre en soi qu'il
pénètre en Dieu et dans la mesure tout autant où il pénètre en Dieu qu'il
parvient à soi. Pour trouver Dieu en réalité, il lui faut descendre jusqu'en
cette profondeur de soi où il n'est plus qu'image de Dieu ; là même où au
jaillissement de soi, il ne se trouve plus que Dieu. » (Père Henri le
Saux, « Sagesse
hindoue, mystique chrétienne »), qui entrent en résonnance également avec ceux de
nombreux mystiques chrétiens depuis le Moyen-Âge. Mais c’est loin d’être tout.
Ainsi quand on lit « Heureux
vivons-nous, sans haine parmi les haineux; au milieu des hommes qui haïssent
nous demeurons sans haïr », l’on pourrait aisément y voir une phrase des
Évangiles et pourtant il s’agit d’une phrase de l’un des principaux livres du
bouddhisme (« Le Dhammapada », 197). (…) » (extraits de « L’Évangile selon le
monde », livre IV et de « l’Évangile
selon l’Olivier », lui aussi téléchargeable librement en cliquant sur ce
lien) Précisons-le pour dissiper tout malentendu : on ne peut pas
nier les différences. Elles existent. Mais il s’agit d’apprécier à quel niveau
elles se situent : théologiquement majeures, ou simples variantes menant
finalement à un type de spiritualité extrêmement proche ? Trouve-t-on par
exemple des commandements opposés dans les religions que nous avons citées ?
Trouve-t-on des éléments qui représenteraient des différences fondamentales ?
... alors qu’en revanche le nombre de prières à effectuer dans la journée, par
exemple, ne relève que de la tradition, de la culture.
CHRISTIANISME ET ISLAM
On peut observer des liens
évidents entre les grands messages
essentiels du christianisme et de l’islam, pour la simple et bonne raison que
ces messages proviennent des mêmes sources : Dieu Lui-même si l’on croit,
par l’entremise de l’ange Gabriel plus exactement en ce qui concerne l’annonce
à Marie d’après le Nouveau Testament et le message à Mahomet (Mohamed) d’après
le Coran,
Archange
Gabriel et Marie mère de Jésus
mais aussi par la bouche de tous les prophètes qui
sont communs entre les deux religions : Abraham (Ibrahim dans le Coran),
Moïse (Moussa dans le Coran), Ézéchiel (Dhul-Al-Khifl
dans le Coran), et bien d’autres jusqu’à Jésus (Issa dans le Coran, où il est considéré
comme un prophète non divin mais aussi comme le Messie et avec un rôle très
particulier, ainsi qu’on va le noter dans quelques lignes). Aussi, « la relation entre Dieu et les Hommes, [est] naturellement
retranscrite d’une façon très similaire dans la Bible et dans le Coran. La
critique musulmane porte sur les Juifs et les Chrétiens mais essentiellement…
en ce qu’ils s’opposent entre eux : « Dieu (Allah) jugera sur ce quoi ils s'opposent, au Jour de la
Résurrection » (Coran 2,113). Le Coran présente certes Jésus comme un
simple prophète dit-on souvent, dont la crucifixion n’était qu’une illusion,
ainsi que cela a été présenté par plusieurs courants orientaux dans les
premiers siècles de notre ère… Oui, mais il le présente aussi comme
« messager d’Allah » autrement dit comme « messager de
Dieu ». Il est celui qui a été annoncé par le même (arch)ange
Gabriel qui est à l’origine du Coran. Il est de surcroît comparable à Adam
(« Pour Dieu (Allah), Jésus est
comme Adam qu'Il créa de poussière, puis Il lui dit “Sois” : et il fut. »),
mais aussi à Abraham, et aussi à Moïse (« Nous croyons en Dieu, à ce qu'on a fait descendre sur nous, à ce qu'on
a fait descendre sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les Tribus, et à ce qui a
été apporté à Moïse, à Jésus et aux prophètes, de la part de leur Seigneur :
nous ne faisons aucune différence entre eux »). Il est aussi fils de
Marie, particulièrement vénérée, et il a été « renforcé du
Saint-Esprit » : « Nous avons
donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l’avons renforcé du
Saint-Esprit. Est-ce qu'à chaque fois, qu'un Messager vous apportait des
vérités contraires à vos souhaits vous vous enfliez d'orgueil ? Vous traitiez
les uns d'imposteurs et vous tuiez les autres. » (Coran 2,87) (…) [Comme nous l’avons déjà dit plus haut] La
place de Jésus est donc particulièrement importante dans l’islam, ce que
beaucoup aujourd’hui oublient, Chrétiens et même Musulmans, alors que le Coran le mentionne pas moins de 35 fois : 27 fois sous son
nom de Jésus, Issa en arabe, et 8 fois par son titre de Messie.»
(extraits de « L’Évangile selon le monde », livre
IV et de « l’Évangile
selon l’Olivier », lui aussi téléchargeable librement en cliquant sur ce
lien)
On ne peut pas nier les divergences entre les
doctrines chrétiennes et l’islam . Ce sont elles qui sont exacerbées par les plus
extrémistes. Elles reposent surtout, il faut le dire, sur des malentendus,
parfois sur des erreurs, ou même sur des mensonges, comme sur le thème de la
Trinité : « Les divergences
s’accompagnent de raisonnements exposés dans des livres musulmans ou même
maintenant sur des sites internet prosélytes, prouvant que le concept de
Trinité est à honnir car Dieu ne peut pas être associé à d’autres divinités, ne
peut pas être multiple, avec des natures contradictoires, ou que l’Incarnation
impliquerait qu’Il serait limité et contingent… En fait ces arguments peuvent
être réfutés, et parfois très facilement. (…) [Ainsi par exemple] quand on se rappelle que Allah dit
« Nous » quand Il parle dans le Coran, ou quand on considère les 99
noms de Dieu selon l’islam, dans lesquels d’aucuns pourraient aussi bien
retenir des caractères multiples, proches des divinités nombreuses du
polythéisme, et tout autant de contradictions (l’on trouve par exemple à la
fois « Celui qui pardonne » et « Celui qui peut nuire [à celui
qui L’offense] »), même si ce n’est qu’en apparence (et peut se comprendre
encore mieux avec ce que nous avons exposé dans les livres II et III de notre « Évangile selon le
monde »). (…) [Autres] démonstrations contestables, fragiles,
présomptueuses (qui est-on pour les faire ?) ou même d’erreurs
avérées, comme lorsqu’il est affirmé que, selon les Chrétiens, Dieu est le
« troisième de la Trinité » (Coran 5,73), ce qu’ils n’ont jamais proclamé (au
contraire, « le Père » est toujours cité en premier dans les formules
rituelles chrétiennes) ou que les Chrétiens ne prient jamais Dieu (alors qu’en
réalité leur principale prière est le « Notre Père »). En les examinant
plus sérieusement, il apparaît bien que la
plus grande part de telles critiques sont fondées sur des erreurs, des
incompréhensions ou des contresens, et très souvent car ce sont en réalité
d’autres croyances que celles du courant principal du christianisme qui sont
originellement visées, des croyances maintenant lointaines et presque
complètement oubliées. Ainsi par exemple quand le Coran insiste sur le fait que
Dieu « ne S’est point attribué d’enfant, n’a point d’associé en Sa
royauté » (Coran 25,2), il apparaît qu’il est plutôt question de
certaines représentations peu orthodoxes, et peut-être même des idées seulement
défendues par des sectes hérétiques qui persistaient en Orient, tandis que le
christianisme affirme l’unicité entre ce qu’on appelle le Fils et le Père, et non l’existence de deux êtres
cohabitant, de deux « associés » donc, comme le pensaient les tenants
de certaines hérésies (…) gnostiques
(Séthiens, Elkasaïtes…), et/ou influencées par
les conceptions anciennes des triades divines de l’Antiquité. Or celles-ci
étaient particulièrement vénérées, ce qui n’est sans doute pas qu’une
coïncidence, en Égypte, au Proche-Orient et dans les cités très proches de
l’Arabie et qui commerçaient avec elle, telles que Pétra et Palmyre… » (Extraits de « l’Évangile
selon l’Olivier », qui détaille ces
questions et met en évidence les différences ou les liens entre
christianisme, islam, judaïsme et bouddhisme). Dans les lignes suivantes du même ouvrage, on comprend aussi clairement
que les « associateurs » dénoncés par le Coran ne sont pas les
Chrétiens comme le prétendent des gens mal informés ou mal intentionnés, mais
les gnostiques et les anciens polythéistes : c’est visible dans plusieurs
versets, et notamment lorsque le Coran voit déjà des « associateurs »
à l’époque d’Abraham (Coran 6,161) : cf encore « l’Évangile
selon l’Olivier »). « À travers tous ces
exemples on le voit très clairement : le contexte de la rédaction et de la
propagation du Coran est particulièrement important à connaître pour ne pas
commettre les méprises, les erreurs ou même les crimes que certains commettent.
Car, comme l’a si bien dit le grand Averroès il y a bien des siècles déjà,
« l’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit
à la violence. Voilà l’équation ». Le contexte dans lequel il a été écrit,
et donc le christianisme avec lequel il a tant à voir, sont même importants à
connaître pour mieux connaître et pour mieux comprendre le Coran lui-même, en
même temps qu’éclairer sur les différents courants religieux qui se révèlent
avoir encore plus en commun que ce qui est déjà assez évident. » (Extraits de « l’Évangile
selon l’Olivier », qui détaille ces
questions et met en évidence les différences ou les liens entre
christianisme, islam, judaïsme et bouddhisme)
Pour lire la suite,
entièrement gratuitement, cliquer ici.
C’est selon toute logique que les relations entre les
Musulmans et les Chrétiens se sont avérées plus d’une fois : « on raconte en effet que [Mohammed] aurait été reconnu par un
moine chrétien, Bahira, comme un futur
prophète ; et il recevra, d’après le Coran, plusieurs visions à l’instar
des prophètes et des mystiques de la Bible. Effrayé, Mohammed se serait réfugié
auprès de son épouse Khadija. Celle-ci l’aurait alors recouvert d’un drap avant
d’aller avertir son cousin, Waraqa ibn Nawfal. Autre point d’ancrage de l’islam dans le monde de
la Bible, et même dans le christianisme, cet homme était très
possiblement un Chrétien nestorien d’après les spécialistes, et aurait attesté
à Mohammed qu’il a été le bénéficiaire d’une visite de l’archange Gabriel, ce
même archange qui avait annoncé la naissance de Jésus à Marie. Plus tard
encore, les références à la naissance, à l’enfance, et au ministère de Jésus dans
le Coran, montrent les influences nombreuses et répétées des évangiles
apocryphes chrétiens qui circulaient au Proche et au Moyen-Orient, notamment
l’évangile de l’Enfance et le Protévangile de Jacques. Dans divers ouvrages, et
dans le résumé de Wikipédia qui suit, on trouve la liste des éléments du Coran
où transpirent clairement les influences de ces évangiles orientaux :
·
Station sous un palmier dans la Sourate XIX, Marie, 23 (visiblement
en relation avec l’Évangile du pseudo-Matthieu)
·
Jésus parle au berceau dans la Sourate III, La famille de ‘Imran,
41 et la Sourate XIX, Marie, 30 (puisant sans aucun doute aux mêmes sources que
l’Évangile arabe de l’Enfance, ou inspiré par lui)
·
Jésus anime des oiseaux en argile dans la Sourate III, La famille
de ‘Imran, 43 et la Sourate V, La Table, 110 (Évangile de l’Enfance à nouveau)
·
Consécration de Marie dans la Sourate III, La famille de ‘Imran, 31 (Protévangile de Jacques)
·
Vie de Marie au Temple dans la Sourate III, La famille de ‘Îmran, 32 et la Sourate XIX, Marie, 16 (Protévangile de
Jacques)
·
Généalogie noble de Marie, issue des grands patriarches, dans la
Sourate III, 33-34 (Protévangile de Jacques)
·
Vœu d’Anne dans la Sourate
III, 35 (Protévangile de Jacques IV,1)
·
Naissance de Marie dans la Sourate III, 36 (Protévangile de Jacques
V,2)
·
Dieu accepte la consécration de Marie dans la Sourate III, 37
(Protévangile de Jacques V,1)
·
Éducation exemplaire et sans tache de Marie dans la Sourate III, 37
(Protévangile de Jacques V,1)
·
Marie adoptée par le prêtre Zacharie dans la Sourate III, 37
(Protévangile de Jacques VII,2-3 et VIII,1)
·
Les anges apportent la nourriture à Marie dans la Sourate III, 37
(Protévangile de Jacques VIII,1)
·
Zacharie devint muet dans la Sourate III, 41 (Protévangile de
Jacques X,2)
·
Les anges exaltent Marie dans la Sourate III, 42 (Protévangile de
Jacques XI,1)
·
Le tirage au sort pour la prise en charge de Marie dans la Sourate
III, 44 (Protévangile de Jacques VIII,2-3 et IX,1)
·
L’Annonciation faite à Marie dans la Sourate III, 45-47
(Protévangile de Jacques XI,2-3).
Ces références sont si
nombreuses et si évidentes que beaucoup ont considéré, lors des premières
décennies suivant la création de l’islam, qu’il s’agissait d’un courant
chrétien comme il en existait alors de nombreux autres, qui prit ensuite un essor
particulier. Mohammed, d’ailleurs, ne
s’est jamais caché de vouloir révéler le message du Dieu de la Bible dans le monde
arabe, avec des différences avec le christianisme « occidental » que
l’on trouvait déjà dans de nombreux courants chrétiens des premiers siècles,
notamment dans le nestorianisme dont il semble très proche à de nombreux
égards, ou chez les Ébionites, Chrétiens primitifs qui rejetaient la christologie
de saint Paul et priaient en direction de Jérusalem, comme Mohammed aux débuts
de l’islam. D’après certains érudits, ces Ébionites auraient encore été
présents dans la péninsule arabique au moins jusqu’au XIème siècle.
Difficile de ne pas voir alors des rapprochements tout
aussi nombreux qu’anciens, et puissants.
La Tradition affirme que le
texte du Coran a été fixé par le calife Othman au VIIème siècle à
partir de diverses versions et éléments épars, dans un ordre qui n’est plus
chronologique mais en fonction de la longueur des sourates, selon un système
astucieux proche de certains principes cryptographiques (qui permet de prévenir
d’éventuelles modifications) et de façon à citer à autant de reprises les mots
« foi » et « mécréance » ou « faire le bien » et
« corrompre » par exemple (des sites internet prosélytes présentent
cette volonté comme un miracle divin, mais elle révèle en fait surtout les
influences perses et manichéennes, ces dernières étant nées au Moyen-Orient au
IIIème siècle). La recherche moderne permet de reconnaître dans le
texte du Coran les différentes strates d’écriture (période mecquoise, période
médinoise) et les autres influences subies (notamment à travers des mots
provenant de l’araméen et du syriaque, et qui ne sont pas des moindres :
ainsi « islam », « Ramadan » et « Coran », qui
proviendrait d’un terme syriaque évoquant l’idée d’un lectionnaire ou d’un
évangile). On redécouvre à travers tout cela les traces de textes ou de sermons
certainement issus du christianisme syriaque et confirmant le fait que la
rédaction du Coran s’inscrit bien premièrement non pas dans l’opposition mais
dans la promotion des croyances monothéistes des tribus juives d’Arabie et des
marchands et prédicateurs chrétiens qui la traversaient. Et en effet la liste
déjà longue des liens avec tous ceux-ci peut encore être complétée :
·
Les qualifications de Dieu dans de nombreuses Sourates
(l’islamologue Mondher Sfar met en particulier en
avant les similitudes de vocabulaire avec les Psaumes de la Bible),
·
Rôle du Messie, Fin des Temps, Jugement Dernier, rétribution des
Justes dans plusieurs Sourates (identiques à ce qu’on trouve dans les livres
prophétiques de la Bible),
·
Description du Paradis : festin et jardin empli de vignes,
images que l’on retrouve dans plusieurs Sourates, notamment 5, 16, 23, 56, 77…
(ces idées sont très présentes dans les évangiles, comme dans
Mt 26,29 ; Lc 14,1-24 ; Jn 14,6 etc, mais aussi tout
particulièrement dans la pensée syriaque, notamment celle du mystique chrétien
Éphrem),
·
Création des anges, désapprobation du choix de Dieu de créer
l’homme et rébellion d’Iblis dans les Sourates 2 et 7 (éléments très
comparables à ce qu’on lit dans le livre d’Hénoch et dans ces apocryphes
chrétiens : l’Apocalypse de Paul et les Questions de Barthélémy),
·
Repentir d’Adam après sa chute, dans la Sourate 2 (déjà présent
dans le Talmud, Erouvim 18 b),
·
Abraham jeté dans une fournaise, dans la Sourate 21 (épisode tiré
du Talmud, Passahim 118 a),
·
Personnages changés en porcs ou en singes dans la Sourate 5 (idée
adaptée d’un récit du Talmud : Sanhédrin 109 a),
·
Le fait que tuer une personne non coupable d’un crime ou d’une
corruption équivaudrait à tuer toute l’humanité, autre célèbre phrase de la
Sourate 5 (que le Coran dit provenir du judaïsme, et en effet elle trouve son
origine dans le même livre du Talmud que la précédente : Sanhédrin 37 a),
·
À cela s’ajoutent quelques passages d’œuvres poétiques préislamiques
comme « L’heure (du jugement) s’est approchée et la lune s’est coupée en
deux » dans la Sourate 54 et plusieurs autres phrases des Sourates 54, 21
et 37 (que l’on trouvait déjà chez le poète du VIème siècle Imru al-Quaïs)…
À nouveau ces lignes
permettent de comprendre les inspirations des premiers Musulmans et les liens
évidents que ceux-ci voulaient tisser dès le début avec les spiritualités
monothéistes, à l’exact opposé de ce que pensent les plus obtus et les plus
ignorants ; elles permettent de remarquer des rapprochements nombreux et
importants avec le judaïsme et avec le christianisme, qui étaient visiblement
conscients et voulus dès les origines de l’islam. » (extraits de « l’Évangile selon les prophètes et les mystiques » et de « l’Évangile
selon l’Olivier », téléchargeables librement en cliquant sur ce lien.)
Quant à la conception de Dieu, elle est on ne peut
plus proche quand on considère d’un côté les « noms de Dieu » dans le
Coran et, de l’autre, la conception des « visages » ou des
« qualités » de Dieu telle qu’on l’a esquissée dans nos ouvrages
précédents, qui jette un nouveau pont entre le christianisme et l’islam, et
plus généralement entre la plupart des religions se référant aux mêmes sources
très anciennes et largement universelles (pour plus de détails sur ces
questions, voir « L’Évangile selon le monde » et « l’Évangile selon les prophètes et les
mystiques »).
Sans attendre notre époque,
loin de là, les proximités théologiques entre le christianisme et l’islam étaient
si évidentes que durant le Moyen-âge déjà ils se sont traduits par des
rapprochements culturels et humains, même au moment de ces conflits
territoriaux qu’étaient les Croisades : car comme souvent ce sont bien les
conflits politiques, économiques, territoriaux, ce sont eux et eux seuls qui
sont à la source de toutes les oppositions, de toutes les divisions, de toutes
les haines savamment entretenues par ceux qui veulent enflammer les foules pour
motiver les combattants.
Islam
et christianisme au XIème siècle, carte issue de wikipédia
Les proximités étaient
pourtant encore très fortes, et même à ces moments plus troublés les Templiers,
puis les Franciscains, échangeaient avec les Musulmans, lisaient leurs
textes ; de même inversement en Sicile, à Malte, et bien sûr en Espagne
lors du temps de l’Andalousie, grande période de tolérance et d’échanges entre
toutes les religions abrahamiques.
Saint
François d’Assise rencontrant le sultan al-Kamil
On retrouve les mêmes
sources, les mêmes messages essentiels disions-nous ; on retrouve
également les mêmes moments importants dans l’histoire et les mêmes apogées,
que ce soit quand on considère l’ensemble des courants du christianisme en
Occident, ou bien les courants de l’islam en Orient. Les échanges, les influences, les liens ont été
très forts et très évidents dès les origines, et les ponts ont été très
nombreux et très importants, même aux moments les plus tendus, notamment sous
l’égide de saint François d’Assise, ainsi qu’on s’en rend compte également dans
le livre III de « l’Évangile selon les prophètes et les
mystiques » ou dans « l’Évangile
selon l’Olivier », lui aussi téléchargeable librement en cliquant sur ce
lien.
C’est dans cet esprit
que Mohamed a administré la communauté vivant à Médine, formée par ceux qui ont
suivi son message et sont venus avec lui, mais aussi les différentes familles,
juives en particulier, qui y vivaient déjà. Les intrigues et les affrontements
avec les dirigeants de la Mecque ont peu à peu troublé cet équilibre, et l’on a
déjà parlé de ceux qui se plaisent à attiser les haines avec les religions et
les peuples voisins, dont certaines prennent la source dans ce contexte de
l’Hégire, il y a… mille cinq cents ans. Et, malgré cela pourtant, déjà il était
écrit dans le Coran : « Point
de contrainte en religion » (Coran 2,256), « Et [aux gens
du Livre, la Bible], dites: "Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers
nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même,
et c’est à Lui que nous nous soumettons" ». (Coran 29,29) « Nous savons parfaitement ce qu’ils disent. Tu n’exerceras sur eux
aucune contrainte » (Coran 50,45), « Si Dieu l’avait voulu il aurait fait des hommes une seule communauté
[religieuse], mais il en est ainsi afin de vous éprouver par ce qu’il vous a
attribué. Rivalisez donc en bonnes œuvres, car c’est à Dieu que vous ferez tous
retour. Il vous informera alors quant à vos divergences. » (Coran
5,48) « Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui
qui s’égare de son sentier et c'est lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien
guidés. » (Coran
16,125) Dans le même temps Dieu, dans
le Coran, encourage exactement comme Jésus à une dévotion sincère et non pas
d’apparence comme les Pharisiens que le Christ fustigeait ; et Il
encourage exactement comme saint Paul à cette même grande vertu qu’est la
charité : « La bonté pieuse ne
consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté
pieuse est de croire en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux
prophètes, de donner de son bien, quelqu'amour qu'on en ait, aux proches, aux
orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent
l'aide et pour délier les jougs, d'accomplir la Salat et d'acquitter la Zakat.
Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu'ils se sont engagés, ceux qui
sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les
voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! » (Coran 2,177) :
des paroles à rapprocher de bien d’autres qu’on peut lire dans le Nouveau
Testament, comme « Va, vends ce que tu as, et
donne aux pauvres ; et tu auras un trésor dans le ciel » (Mt 19,21), « Et si un frère ou une sœur sont nus et manquent de leur nourriture
de tous les jours, et que quelqu’un d’entre vous leur dise : Allez en paix,
chauffez-vous et rassasiez-vous, — et que vous ne leur donniez pas les choses
nécessaires pour le corps, quel profit y a-t-il ? (…) Soumettez-vous donc à
Dieu (…) Bienheureux ceux qui endurent [l’épreuve avec patience] » (épître de Jacques) » (extraits de « l’Évangile
selon l’Olivier », téléchargeable librement en cliquant sur ce lien)
Une
grande similitude de vue, donc, et un esprit de dialogue et d’échange pendant
la plus grande part de l’histoire de nos religions. Les choses n’ont changé que
plus récemment, et à mesure que les courants du christianisme occidental
lui-même se divisaient et se voyaient comme des religions à part entière,
totalement séparées, et même parfois comme des ennemis irréconciliables,
comme orthodoxes et catholiques pendant un long moment… Dans ces conditions on comprend que
l’islam paraissait bien différent, étranger aux croyances et aux débats en cours en Europe,
et même seulement hostile, après les Croisades puis la Reconquête en Espagne.
Les choses ont encore empiré à partir de la Renaissance : c’étaient
bientôt les Guerres de Religion entre catholiques et protestants, suivies par l’émergence de courants tels que
les jésuites, les jansénistes, et à nouveau des courants qui s’affrontaient ; dans le même temps l’islam et le christianisme semblaient à nouveau adversaires
lors des conflits territoriaux, encore et toujours, entre les pays européens et l’Empire Ottoman.
Enfin, en Europe au XIXe et au XXe s, ce sera même la religion dans son ensemble qui sera dénigrée et attaquée :
à ces moments encore, on comprend que l’islam paraissait bien lointain…
A notre époque,
la libre circulation des informations, des textes, et des idées, change
fortement la donne : nous n’en sommes plus aux temps anciens où il était même
interdit aux croyants de lire la Bible dans leur langue. Les
efforts de dialogue et d’œcuménisme sont quotidiens et naturels : textes
conciliant les points de vue, diffusions partagées à la télévision et sur
internet, et même célébrations communes ; et donc il est évident que les
oppositions d’antan n’existent plus guère au cœur du christianisme’occidental.
Aujourd’hui l’on peut aisément lire et comprendre l’autre, et en voir les
ressemblances comme on l’a fait dans « L’Évangile selon le monde » et dans « l’Évangile
selon l’Olivier ».
Aujourd’hui
les oppositions avec les autres religions abrahamiques ne sont entretenues que
par les plus extrémistes et les plus violents, qui font horreur à la plus
grande part de l’humanité. En ce sens ils seront tellement rejetés par tous
ceux qui comprennent le message de paix des religions, par tous les hommes simples
qui ne recherchent que de vivre sans guerre, et par tous les hommes sages qui
s’intéressent aux cultures et aux autres, que ces extrémistes aideront
peut-être finalement à remettre les choses à leur place : les criminels ne
sont que des criminels, les fous ne sont que des fous, les sectes
apocalyptiques ne sont que des sectes apocalyptiques ; et a contrario les
grands courants du même Message sont les grands courants du même Message, et
avec une vocation à se parler, à œuvrer pour la paix, à se rapprocher, à se
rassembler comme ils l’étaient à l’origine et pendant des siècles, ainsi qu’on
l’a vu quelques lignes plus haut. « La place éminente de Jésus, accentuée par son lien avec
Gabriel et Marie et Dieu Lui-même ne peut donc être à l’origine de quelque
tension et de quelque opposition : celles-ci ne sont du fait que des
hommes, tous vénérant le même Dieu, les mêmes anges, les mêmes prophètes et les
mêmes grands noms, de l’Ancien et du Nouveau Testament… Comme on l’a dit dans
le livre II de [« L’Évangile selon le monde »],
le fait que le message ait été délivré à Mahomet par l’archange Gabriel, comme
à Marie, veut tout dire déjà, avant même que de considérer le message. La
dévotion commune à Marie suffit elle-même également à montrer combien sont dans
l’erreur ceux qui prônent la guerre et la division, Marie qui est considérée
partout comme reine du monde, de paix et de douceur : voilà donc le
véritable message de Dieu, qui est aussi celui de Marie lors de toutes ses
apparitions ; et voilà qui peut encourager les invitations des uns dans le
lieu de culte des autres ou, comme chaque année au Liban, la réunion dans des
mêmes lieux tous ceux qui vénèrent Marie pour la prier ensemble : que ces
initiatives se répandent dans le monde !... » (extraits de « L’Évangile selon le monde », livre
IV ; voir aussi « l’Évangile
selon l’Olivier », centré sur ces
questions des liens entre les religions).
Sur le
plan de la pure théologie, dont les subtilités échappent totalement aux
ignorants et aux extrémistes violents qui les manipulent, il est difficile de
ne pas voir les proximités entre tous les courants du
« christianisme » selon la définition qu’on a retenue, ou de toutes
les religions abrahamiques si l’on souhaite une acception encore plus large.
Tous les courants du christianisme et de l’islam peuvent s’inscrire dans
celle-ci sans conteste, respectant tous les nombreux critères fondamentaux
identiques (au moins 17 sur les 22 listés ci-dessous) et qui apparaissent dans ce
tableau: on peut le lire plus commodément là aussi dans « l’Évangile
selon l’Olivier »:
Les similitudes sont telles
qu’on peine parfois à distinguer les messages issus d’une religion ou d’une
autre. Voici un nouvel extrait de « l’Évangile
selon l’Olivier », qui
les met en parallèle de cette façon souvent très spectaculaire :
Pour lire la suite,
entièrement gratuitement, cliquer ici.
Difficile, à la lecture de ces lignes, de ne pas comprendre les points
communs mais aussi la pensée, le message, qui se dégage de la vie et de l’œuvre
des prophètes et des mystiques qui sont reconnus par tous les courants du
christianisme et de l’islam : Abraham et Moïse bien sûr mais aussi, on le
sait moins, Ézéchiel, et Jésus. Leurs mots, leur message, des extraits nombreux
des prophéties de la Bible et des prières, qui ont même un caractère souvent
très œcuménique, peuvent être lus dans cet autre ouvrage, librement téléchargeable en cliquant sur ce lien qui jette de nombreux ponts qui existent depuis les origines mais que
l’on ne sait pas toujours voir.
Pour le lire gratuitement cliquer ici.
QUELQUES AUTRES SITES
POUR ALLER PLUS LOIN :
Aujourd’hui, les
rencontres et les relations entre les différents courants sont de plus en plus
nombreuses, de même que des efforts de textes et même de célébrations
œcuméniques. Aussi je mêle volontairement ci-dessous des liens provenant de
différentes confessions ou tendances du christianisme :
ET
LE SITE « ÊTRE CHRÉTIEN » :