SAINT PAUL ET LE
CHRIST :
UN DIEU
« CHRESTOS » ?
UN JÉSUS
MYTHIQUE ?
UN RÉCIT
FABRIQUÉ ?
On peut tous reconnaître sans peine que les Évangiles et les Actes
des Apôtres ont été rédigés ou traduits par des auteurs de langue grecque, et
ont donc été inspirés, pour leur style et leur composition, par la vie des
sages de l’Antiquité ou, plus généralement, par les œuvres grecques classiques.
L’auteur Dennis MacDonnald, par exemple, y reconnaît
des traces du style et des œuvres d’Homère, dans lesquelles tous les jeunes lettrés
apprenaient la lecture, mais aussi la rédaction, la rhétorique, l’histoire, la
géographie... On peut donc accepter sans crainte de telles influences lorsque
les auteurs des Évangiles et des Actes des Apôtres y auraient ainsi
« brodé » quelques détails, mais sur une trame sur laquelle tout le
monde s’accorde à savoir le baptême, la prédication, l’exécution de Jésus et
les grandes lignes des événements suivant sa mort. Certains commentateurs vont
cependant beaucoup plus loin en imaginant un Jésus totalement mythique.
D’autres au contraire voient un Jésus historique mais extrêmement différent du portrait
qu’on en fait. D’autres enfin un personnage né d’une synthèse de récits déjà
existants. Et l’on présente souvent saint Paul comme le principal auteur de ces
réécritures de l’histoire. Qu’en est-il ?
SAINT PAUL NE CITE
PRESQUE JAMAIS JÉSUS ET AURAIT PRÊCHÉ UNE AUTRE RELIGION, CELLE D’UN
« DIEU BON » « CHRESTOS », DÉVIANT LE CHRISTIANISME DU
DÉBUT ?
La thèse est séduisante car, en effet, dans ses lettres (ses
« épîtres »), saint Paul ne semble pas évoquer les détails de la vie
de Jésus. Certains courants ont donc émis l’hypothèse qu’il ne parle que d’un
Jésus totalement divinisé, totalement spirituel, assez proche de ce que feront
également les « gnostiques » et donc facilement adaptable aux
cultures différentes de toute la Méditerranée. Ce serait ce « Chrestos »
(littéralement « dieu bon », qualificatif de plusieurs dieux
antiques), confondu volontairement avec le « Christ » (littéralement
« celui qui est oint », traduction grecque du mot
« messie »).
Plusieurs éléments à relever cependant, afin d’évaluer la validité
de cette thèse.
Tout d’abord le fait
que saint Paul n’écrit pas des évangiles: l’on pense que les paroles et les
gestes de la vie de Jésus étaient largement propagés dans le cercle chrétien,
oralement lors de chaque réunion des disciples, et plus tard par écrit, parallèlement aux éléments de doctrine ou de la vie des églises
qui sont, eux, logiquement plus centraux dans les épîtres de
saint Paul. Ce dernier n’a donc aucun besoin de reprendre textuellement ces
éléments qui constitueront les évangiles et que ses correspondants connaissent.
De surcroît l’évangile
selon saint Luc, et les Actes des Apôtres, qui relatent en détails la vie de
Jésus et des premiers chrétiens, semblent avoir été écrits par l’un des plus
proches de saint Paul, qui l’a suivi dans
plusieurs voyages. Difficile donc d’opposer totalement les deux sans imaginer
de nombreux complots pour travestir la vie et les récits de tout le
monde : non seulement de Jésus par saint Paul, mais aussi de saint Paul
par saint Luc, et finalement de tous les personnages qui sont cités dans ces
textes, et tout cela pendant des décennies et sans que
s’en offusquent ni ces personnages eux-mêmes, ni
tous ceux après eux qui en étaient proches ou s’en réclamaient.
Un autre élément capital à
considérer est ensuite le fait non négligeable… que saint Paul évoque bel et
bien de nombreux éléments de la vie de Jésus, contrairement à ce que l’on
prétend parfois, à commencer par la
référence à un Jésus fait de chair et de sang, qui a vécu peu de temps avant
ses lettres, et qui est mort crucifié. « On trouve en effet dans les épîtres de saint Paul des mots et
expressions sans équivoque : dans l’épître aux Romains, il parle d’un
« homme, Jésus-Christ » (Rom 5,15) ; il précise que Jésus est
« issu de la semence de David » (Rom 1,3) ce qui signifie bien
qu’il a vécu parmi nous et ses ancêtres aussi ; et il expose l’idée selon
laquelle c’est par la mort d’un seul homme (donc bien réel) que les hommes sont
rachetés (Rom 5,12). Saint Paul écrit aussi dans la Deuxième Lettre aux Corinthiens : « Ainsi donc, désormais
nous ne connaissons personne selon la chair. Même si nous avons connu le Christ
selon la chair, maintenant ce n'est plus ainsi que nous le connaissons »
(5, 16), ce qui signifie qu’il écrit après la mort de Jésus, certes, mais que
« le Christ » a bien existé peu avant « selon la chair »
autrement dit « réellement », en tant qu’homme, parmi les hommes, et que certains, à qui s’adresse saint
Paul, l’ont bien connu ainsi. Dans une autre lettre il dit que Jésus est
« né d’une femme » (Gal 4,4) ce qui confirme qu’il est né et a vécu
comme nous tous ; dans une autre encore il dit que « le Christ, ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus » (Rom 6,6)
ce qui signifie qu’il a bien déjà vécu et est bien déjà mort. Plus
généralement, il évoque la croix plus de dix fois dans ses lettres, en des
termes parfaitement clairs tels que « lui, a enduré la croix »
(Heb 12,2). Ailleurs il cite bien le nom de Pilate qui a fait mettre à mort Jésus
(1 Tim 6,13). Dans l’épître aux Hébreux il fait le rapprochement entre Jésus et
Moïse et cite les psaumes (s’inscrivant donc sans ambiguïté dans le monde juif
et non pas dans d’autres croyances) et reprend des expressions telles que
« Premier-né dans le monde habité » (Heb 1,6) et « fils de
l’homme » (Heb 2,5) (autrement dit « descendant d’Adam, par la
chair »). Il est vrai que les
spécialistes émettent des doutes sur l’attribution de quelques épîtres à saint
Paul, mais cela ne suffirait pas à changer grand-chose car des références à la
réalité de la vie et de la mort de Jésus se retrouvent finalement, on le voit,
dans toutes les épîtres. » (extrait de « l’évangile selon les prophètes et les mystiques »,
téléchargeable librement en cliquant ici)
Quant aux détails de la vie concrète, des paroles, de la passion, des miracles de
Jésus, ils sont loin d’être totalement absents des écrits de saint Paul. Le
pape Benoît XVI en dressait même une longue liste dans l’une de ses audiences
en 2008 :
« Il semble confirmé qu'il ne l'a pas rencontré pendant sa vie terrestre.
À travers les apôtres et l'Église naissante il a assurément connu aussi les
détails sur la vie terrestre de Jésus. Dans ses Lettres, nous pouvons trouver
trois formes de référence au Jésus pré-pascal.
En premier lieu, on trouve des références explicites et directes.
Paul parle de l'ascendance davidique de Jésus (cf. Rm 1, 3), il connaît
l'existence de ses "frères" ou consanguins (1 Co 9, 5; Ga 1, 19), il
connaît le déroulement de la Dernière Cène (cf. 1 Co 11, 23), il connaît
d'autres paroles de Jésus, par exemple, sur l'indissolubilité du mariage (cf. 1
Co 7, 10 avec Mc 10, 11-12), sur la nécessité que celui qui annonce l'Évangile
soit nourri par la communauté dans la mesure où l'ouvrier est digne de son
salaire (cf. 1 Co 9, 14 et Lc 10, 7); Paul connaît les paroles prononcées par
Jésus lors de la Dernière Cène (cf. 1 Co 11, 24-25 et Lc 22, 19-20) et il connaît
aussi la croix de Jésus. Telles sont les références directes à des paroles et
des faits de la vie de Jésus.
En deuxième lieu, nous pouvons entrevoir dans certaines phrases des
Lettres pauliniennes plusieurs
allusions à la tradition attestée dans les Évangiles synoptiques. Par exemple,
les paroles que nous lisons dans la première Lettre aux Thessaloniciens, selon lesquelles "le jour du
Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit" (5, 2), ne s'expliqueraient
pas comme un renvoi aux prophéties vétéro-testamentaires, car la comparaison
avec le voleur nocturne ne se trouve que dans l'Évangile de Matthieu et de Luc,
donc elle est tirée précisément de la tradition synoptique. Ainsi, quand nous
lisons que: "ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que
Jésus a choisi..." (1 Co 1, 27-28), on entend l'écho fidèle de
l'enseignement de Jésus sur les simples et sur les pauvres (cf. Mt 5, 3; 11,
25; 19, 30). Il y a ensuite les paroles prononcée par Jésus dans la joie
messianique: "Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta
louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux
tout-petits" (Mt 11, 25). Paul sait - c'est son expérience missionnaire -
combien ces paroles sont vraies, c'est-à-dire que ce sont précisément les
simples qui ont le cœur ouvert à la connaissance de Jésus. La mention de
l'obéissance de Jésus "jusqu'à la mort", que l'on trouve dans Ph 2,
8, ne peut également que rappeler la totale disponibilité du Jésus terrestre à
l'accomplissement de la volonté de son Père (cf. Mc 3, 35; Jn 4, 34). Paul
connaît donc la passion de Jésus, sa croix, la manière dont il a vécu les
derniers moments de sa vie. La croix de Jésus et la tradition sur cet événement
de la croix sont au centre du Kérygme paulinien. Un autre pilier de la vie de
Jésus connu par saint Paul est le Discours
de la Montagne, dont il cite certains éléments presque à la lettre,
quand il écrit aux Romains: "Aimez-vous les uns les autres...
Bénissez ceux qui vous persécutent... Vivez en paix avec tous... Vainc le mal
par le bien...". Donc, dans ses lettres, on trouve un reflet fidèle du
Discours de la Montagne (cf. Mt 5-7).
Enfin, il est possible de trouver une troisième manière dont sont
présentes les paroles de Jésus dans les Lettres de Paul: c'est lorsqu'il
opère une forme de transposition de la tradition pré-pascale à la situation
d'après la Pâque. Un cas typique est le thème du Royaume de Dieu. Il se trouve
assurément au centre de la prédication du Jésus historique (cf. Mt 3, 2; Mc 1,
15; Lc 4, 43). Chez Paul on peut trouver une transposition de cette thématique,
parce qu'après la résurrection il est évident que Jésus en personne, le
ressuscité, est le Royaume de Dieu. Le Royaume arrive donc là où Jésus arrive.
Et ainsi, nécessairement, le thème du Royaume de Dieu, où était anticipé le
mystère de Jésus, se transforme en christologie. Toutefois, les mêmes
dispositions demandées par Jésus pour entrer dans le Royaume de Dieu sont tout
à fait valables pour Paul en ce qui concerne la justification au moyen de la foi:
autant l'entrée dans le Royaume que la justification exigent une attitude de
grande humilité et disponibilité, libre de présomptions, pour accueillir la
grâce de Dieu. Par exemple, la parabole du pharisien et du publicain (cf. Lc
18, 9-14) donne un enseignement que l'on retrouve tel quel chez Paul, lorsqu'il
insiste sur le fait de devoir exclure toute vanterie à l'égard de Dieu. Les
phrases de Jésus sur les publicains et les prostituées, plus disponibles que
les pharisiens à accueillir l'Évangile (cf. Mt 21, 31; Lc 7, 36-50), et son
choix de partager la table avec eux (cf. Mt 9, 10-13; Lc 15, 1-2) se retrouvent
elles aussi entièrement dans la doctrine de Paul sur l'amour miséricordieux de
Dieu envers les pécheurs (cf. Rm 5, 8-10; et aussi Ep 2, 3-5). Ainsi le thème
du Royaume de Dieu est reproposé sous une forme nouvelle, mais toujours dans
une pleine fidélité à la tradition du Jésus historique. » (audience générale
du 8 octobre 2008 et extrait
de « l’évangile selon les prophètes et les
mystiques », téléchargeable librement en cliquant ici)
Après ces arguments très nombreux, on le voit, certains objectent
alors parfois que c’est seulement la crucifixion qui aurait pu être
« spirituelle », ce qui est en contradiction avec les mots de « fils de l’homme », « mort »
etc, qui sont pourtant explicites et reliés à la vie,
à la souffrance et à la mort, bien réelles, des croyants eux-mêmes auxquels
saint Paul s’adresse, auxquels il demande des nouvelles et auxquels il envoie
ses encouragements malgré les difficultés, les menaces, les dangers, les persécutions... De
surcroît un tel supplice que celui de la croix, réservé aux révoltés et aux brigands,
aurait pu être considéré comme tellement infamant qu’on comprendrait qu’on la
spiritualise de cette manière, mais parce qu’elle a bien eu lieu, précisément.
Et toute élaboration spirituelle basée sur cette idée confirme finalement que
la crucifixion a bien eu lieu réellement.
« Les textes de saint Paul sont bien loin de
ce qu’on trouvera dans les textes gnostiques (énumérant d’innombrables éons) ou
apocryphes (ajoutant de multiples miracles et événements fabuleux). Saint Paul
s’inscrit donc bien dans le courant chrétien des origines, dans les traditions
transmises dans l’Église, dans les paroles, la vie et les gestes de Jésus tels
qu’ils sont relatés dans les évangiles, et dans les doctrines qui étaient aux
sources du christianisme. Tout cela peut se comprendre fort bien à la lumière
des notes précédentes identifiant Jean de Zébédée à l’Ananie qui aurait
converti saint Paul selon les Actes des Apôtres. »
« Elles montrent donc combien celui-ci doit
à sa proximité avec Jean, ainsi qu’avec le personnage de Lazare, et avec les
doctrines particulièrement mises en avant dans l’évangile selon saint Jean. Ces
doctrines sont elles-mêmes déjà en germe dans l’Ancien Testament et dans les
courants juifs messianiques et péri-esséniens qui baignaient la Palestine du Ier
siècle et d’où le christianisme est issu. » (extrait de « l’évangile selon les prophètes et les mystiques »,
téléchargeable librement en cliquant ici)
Pour le lire gratuitement cliquer ici.
La thèse du mythe est bien séduisante mais ne repose en fait sur rien et il en sera toujours de même:
comment en effet affirmer que les preuves de l’existence de Jésus sont insuffisantes alors que celles de son inexistence
sont totalement absentes. De plus il faut se rendre à l’évidence: elle est souvent présentée comme moderne et révolutionnaire car objet de pages ou de vidéos sur internet (alors qu’elles proviennent de livres
de libres penseurs du XIXe siècle, reprises et reprises à l’envi depuis), hélas assez douteuse (un grand complot mondial et doublement millénaire
que quelques héros seraient bien sûr les premiers à comprendre), voire pire (avec le but de prouver que rien n’est venu du pays des Juifs mais que tout est issu des Hyperboréens,
ou des Aryens... Vous voyez vite quelle est cette optique clairement antisémite mais rarement avouée ce qui en dit long en soi).
Cette thèse du mythe présente toutes les facilités et toutes les aberrations des théories du complot. Ainsi on imagine que saint Paul a
créé un Jésus mythique, mais en fait d’autres imaginent aussi que saint Paul lui-même est un personnage mythique dont la vie a été totalement inventée (cf
ouvrages de Bernard Dubourg). Et pourquoi pas ainsi de suite : ceux qui
inventent un saint Paul mythique, qui invente un Jésus mythique, sont peut-être
eux-mêmes mythiques et inventés par un autre ? Qui lui-même est mythique
et inventé par un autre ? Et ainsi de suite ? Cette boutade veut
faire comprendre quelque chose : il
y a bien quelqu’un qui a fait quelque chose réellement un jour, qui a parcouru
son pays comme plusieurs autres prophètes et thaumaturges fréquents à son
époque (les nazôréens dont il est issu d’après les
évangiles eux-mêmes, les thérapeutes décrits par Philon d’Alexandrie, mais
aussi Simon le mage, Apollonios de Tyane…) ; il
y a bien quelqu’un qui a prêché des idées de charité et de renouvellement de la
Loi comme plusieurs autres également (Jean-Baptiste, les esséniens, les nazôréens, et à leur suite les apôtres de Jésus), et dont
on a relaté la vie et les propos (comme d’autres également : Pythagore,
Apollonios de Tyane, les prophètes de la Bible…). Qu’est-ce qui empêche
tellement de croire qu’il ait pu exister (il y en a eu d’autres, et précisément
dans la même région), à cette époque (il y en a eu d’autres, et précisément à
la même époque), et s’appeler Jésus (le prénom le plus courant à l’époque)
? D’ailleurs les textes les plus hostiles aux premiers chrétiens, à savoir
les extraits du Talmud qui font référence à Jésus, auraient pu avoir beau jeu
de prétendre qu’il n’a jamais existé. Or ce n’est pas le cas. Au contraire, ils
s’efforcent de donner des détails, certes volontairement vexants et visiblement
contradictoires puisque confondant des personnages et des époques, mais des
détails présentés comme authentiques sur lui-même ou sur sa famille. Il en est
exactement de même avec les Mandéens, restés fidèles à Jean-Baptiste, qui
prétendent que Jésus a menti mais pas qu’il a été inventé. Ceux-ci semblent
d’ailleurs infiniment plus imprégnés de gnosticisme que ce que l’on prête à
saint Paul, et donc auraient pu avoir des affinités avec les idées allant vers le mythisme,
ou condamnant celui des chrétiens... Or rien de tout cela.
Un moment amusant : celui
où les plus grands adeptes de la théorie du complot qui pensent que Jésus est
totalement mythique rencontrent ceux qui pensent que Jésus est totalement
humain, a survécu à sa crucifixion, s’est même marié avec Marie-Madeleine, a eu
une descendance etc. Un autre article sur
ce site détaille ces thèses en vogue concernant Jésus et Marie-Madeleine :
cliquer ici. Mais l’on voit déjà à travers elles combien les contradictions
peuvent être très grandes entre les différents groupes contestant les
« versions officielles »… et pourtant, tout en refusant les grandes
lignes de celles-ci et ce qu’il y a de plus important et de plus commun aux
quatre évangiles, ils cherchent des informations qui s’en éloigneraient dans
les plus petits détails des textes (qui pourtant varient justement beaucoup car
ceux-ci ont été rédigés plusieurs décennies après les faits) comme si, pour
ceux-là, ils devenaient soudainement extrêmement précis et véridiques… Cette
façon de faire a donné lieu, on le voit, à des thèses complètement opposées
mais aussi, entre autres, à l’intrigue du « Da Vinci Code » et que nous évoquons
dans l’autre article sur ce site déjà cité et dédié aux légendes touchant Jésus
et Marie-Madeleine. Certaines d’entre
elles reposent sur des idées très anciennes, défendues par des groupes dits
« gnostiques » qui s’étaient développés dans l’Antiquité, dans
lesquels le culte du secret était important, mais qui étaient aussi, et ça on ne le dit pas, fortement imprégnés de
philosophies égyptiennes et moyen-orientales, autrement dit défendant un
système très complexe, incroyablement « exotique » et quasiment
incompréhensible de nos jours, fait d’un grand nombre de niveaux
« d’éons », de divinités ou d’anges, personnifications de notions
telles que le Verbe, la Sagesse etc, qui sont nées
des unions des uns et des autres. Certaines d’entre elles conduisent cependant
à une nouvelle contradiction majeure :
en trouvant saint Paul trop éloigné du judaïsme de son époque, les partisans de
ces thèses pensent finalement que la réalité vient d’encore plus loin, et en
considérant les évangiles comme trop étrangers au judaïsme, mythiques et
symboliques, ils cherchent à renouer avec des idées encore plus étrangères au
judaïsme, mythiques et symboliques que tout ce qu’on pourrait trouver dans ce
sens dans l’œuvre de saint Paul ! Cependant cette thèse a bien été
ravivée dans les décennies précédentes du fait de la découverte d’ossuaires et
de tombeaux intéressants ainsi qu’on peut le voir ci-dessous.
JÉSUS N’AURAIT PAS
RESSUSCITÉ ET ON AURAIT RETROUVÉ SON TOMBEAU ?
Plusieurs découvertes archéologiques ont
en effet défrayé la chronique depuis quelques années :
-
la découverte d’un ossuaire
destiné à recevoir les ossements de saint Pierre sur le site de Dominus Flavit
à Jérusalem, là où Jésus aurait pleuré après avoir eu des visions de la
destruction de la ville et de son temple (ossuaire portant les inscriptions
« Simon fils de Jonas », ainsi que l’apôtre était présenté dans les
évangiles),
-
la découverte d’un ossuaire
qui serait celui de saint Jacques le Juste (portant les inscriptions
« Jacques fils de Joseph frère de Jésus),
-
celle de l’ossuaire de
Simon de Cyrène (qui aida Jésus à porter sa croix),
-
et surtout le tombeau sur
le site de Talpiot, un quartier de Jérusalem, qui contiendrait les ossements de
plusieurs personnages des évangiles, dont peut-être même ceux de Marie et de
Jésus lui-même :
« Les fouilles mettent au jour une chambre
mortuaire percée dans les murs nord et ouest de deux arcosolia
et dans les trois murs (sauf du côté de l'entrée) six kokhim
contenant 10 ossuaires (parfois en enfilade dans ces kokhim). Des ossements
éparpillés au sol et quelques tessons typiques du IXe siècle
sont également découverts. La tombe a été probablement pillée dès l'Antiquité,
car un épais dépôt argileux s'est infiltré dans la pièce par la porte laissée
ouverte et que la plupart des ossuaires sont brisés.
Cinq ossuaires sont ornés de rosettes et de bandes ornementales, et
six portent des inscriptions :
· Yshw' br Yhwsp, vocalisé en
Yeshua bar Yehosef (Jésus fils de
Joseph). La lecture du nom de Jésus dans ce graffiti est fort débattue.
· Mryh, vocalisé en Maria (Marie)
· Ywsh, vocalisé en Yose
(diminutif de Joseph)
· Yhwdh br Yshw’, vocalisé en
Yehuda bar Yeshua (Judas fils de Jésus)
· Mtyh, vocalisé en Matiyahu
(Matthieu)
· Mariamenou Mara (unique des
six inscriptions qui n'est pas en écriture araméenne mais en grec), traduite en
« de Marie qui est [aussi appelée] Mara ». » (source : wikipedia)
L'entrée de ce tombeau, que l’on voit ci-dessus, a fait couler
beaucoup d’encre également : celle-ci « est couronnée d'un fronton orné d'un chevron à motif central
circulaire. La symbolique de ce décor, rare pour une tombe simple, a nourri de
nombreuses interprétations, comme celle de Simcha Jacobovici dans son documentaire Le Tombeau de Jésus, qui fait dériver le symbole maçonnique
(lettre G entre une équerre et un compas entrelacés) du motif ornemental de la
façade de Talpiot. » (source : wikipedia)
Comme ce symbole présent sur le fronton du tombeau de Talpiot se
retrouve aussi sur quelques ossuaires attribués à des personnages des
évangiles, on se demande s’il n’est pas un symbole des tout premiers chrétiens.
Et il semble bien qu’il ait une
signification fortement liée à d’autres symboles bien connus dans l’antiquité
et dans cette région du Proche-Orient en particulier, ce qui n’avait jamais été
remarqué auparavant :
Mais sa
signification renvoie aussi à d’autres signes primordiaux dans le
christianisme, ce que l’on n’avait pas relevé jusqu’ici: voir en effet en cliquant sur ce
lien. Le choix du symbole ornant le tombeau et plusieurs ossuaires y
apparaît comme proche des cultures proches de la Galilée et de la Syrie, où se
trouvaient des nazaréens ; il est un symbole qui rappelle l’araméen et
l’initiale de mots et de noms importants aux débuts du christianisme ;
même si le contenu du tombeau de Talpiot a été depuis longtemps remanié et
modifié, y compris par des faussaires, il semble en relation avec d’autres
ossuaires qui font référence à des personnages cités dans les évangiles, ou à
des familles qui les honoraient en portant leur nom. Et le symbole qui orne son
fronton paraît bien faire allusion
à la notion de Verbe de Dieu, si importante dans le courant de Jésus, et qui
sera développée dans la nouvelle religion chrétienne.
Dans le même ordre d’idée :
JÉSUS N’AURAIT PAS
PU ÊTRE CÉLIBATAIRE « CAR LES RABBINS DE SON ÉPOQUE ÉTAIENT TOUS
MARIÉS » ?
Cet argument a été souvent repris également, mais « Autant d’incohérences apparaissent quand on
parle de l’idée à la mode de la survie de Jésus, de son mariage et de son
éventuelle descendance : on évoque alors le mariage des rabbis de
l’époque, mais on « oublie » à dessein le fait que le célibat était
très développé à l’intérieur du groupe essénien par exemple, qui n’est pas le
moins éloigné du christianisme ; et que c’était une pratique des
« nazirs », ceux que l’on peut peut-être confondre avec les
« nazôréens » ou qui les ont inspirés, et qui sont précisément les
précurseurs des Chrétiens et dont était issu Jésus… d’après les Évangiles
eux-mêmes. Ces nazôréens étaient ceux-là qui devaient être purs pour être plus
près de Dieu, parcourir le pays avec une réputation de prophètes, de saints et
de guérisseurs, exactement comme Jésus. Le célibat semble concerner tout autant
saint Jean-Baptiste par exemple, à propos duquel personne n’a jamais parlé ni
d’épouse ni de descendance et qui est présenté comme un modèle, un maître
et même un cousin de Jésus d’après les Évangiles; c’était enfin le cas pour
saint Paul, l’un des plus proches de la doctrine originale de Jésus et des
croyants de son temps, pour la plupart des Pères de l’Église, et c’est le cas
pour d’innombrables religieux et religieuses depuis des siècles, et pas
seulement dans le monde chrétien. » (extrait de « l’évangile
selon le monde », livre I, voir aussi « l’évangile
selon l’Olivier ») C’était également le cas d’Apollonios de Tyane
quelques années plus tard, dont on vantait l’ascèse et la chasteté : ces
vertus étaient donc louées, et pratiquées, aussi bien dans d’autres religions
plus orientales que dans le monde grec. Et, comme on l’a vu, dans le judaïsme.
JÉSUS AURAIT ÉTÉ UN
PERSONNAGE FABRIQUÉ, TOTALEMENT MYTHIQUE, À PARTIR DES ÉLÉMENTS DE CULTE DE
MITHRA, D’OSIRIS ETC ?
« Même problème encore
de la part de ceux qui présentent les Évangiles et les Actes des Apôtres comme
des fictions seulement destinées aux Grecs et aux Romains. L’idée d’une vie de
Jésus fortement remaniée pour calquer à des mythes et à des religions
étrangères a beaucoup séduit, et l’on verra en effet dans quelques lignes
combien la vie de Jésus suit de près les signes qui devaient se vérifier,
inscrits dans le ciel, dans l’Ancien Testament, mais aussi dans les mythologies
passées ; et il est vrai qu’on pourra trouver au fil de cet ouvrage des
relations étonnantes entre des symboles chrétiens et d’autres, plus
anciens. » (extrait de « l’évangile
selon le monde », livre I) Même dans l’iconographie, les liens et les
ressemblances sont en effet très nombreux, et d’autant plus troublants :
(extraits de « l’évangile
selon le monde », livre I)
« Cependant l’on verra
plus loin que la majorité des liens avec des signes, des mythes, des
prophéties, des écrits plus anciens, et singulièrement les plus spectaculaires
et les plus étonnants, sont pour la plupart involontaires, impossibles à
recréer intentionnellement, ou relevant de systèmes de pensée si différents
qu’ils n’ont pas pu avoir été repris par des auteurs issus d’un seul de ces
groupes (…) Avec le christianisme des premiers siècles en effet, on voit
qu’on est très loin de toute idée de syncrétisme ou d’éclectisme. C’est
flagrant quand on se considère les différences extrêmes qui séparent le culte
de Sérapis (dieu syncrétique par excellence, reprenant des attributs d’autres
dieux d’une façon très ostensible, et qui semble né seulement sur le papier
comme une accumulation brouillonne et très artificielle) et le culte de Jésus
(c’est presque tout le contraire : fils d’un dieu unique, même pas
représenté dans les premiers siècles, héritier affirmé d’une seule religion et
attachée à un pays bien précis, et surtout personnage qui a incarné et vécu
d’une façon très concrète les prophéties et les symboles qu’il porte). Quand on
se rappelle que les différences sont telles qu’elles ont créé des oppositions
farouches et des échanges violents à travers des textes célèbres, et des
conflits brutaux et parfois même sanglants sur tout le pourtour méditerranéen,
on voit qu’il y a eu vraiment bien loin d’une volonté d’inspiration et de
syncrétisme : l’opposition de saint Irénée aux cultes anciens et païens,
très argumentée, montre avec la plus grande clarté combien le message et la vie
de Jésus s’inscrivent à la suite de l’Ancien Testament au contraire de toutes
les croyances païennes (cf saint Irénée, « Contre les Hérésies », en
particulier au livre IV) et combien il y avait de différences inconciliables
avec les cultes et gnoses en cours aux débuts du christianisme. C’est encore
pire quand on considère les oppositions aux premiers Chrétiens dans la Rome
Antique, à cause des différences entre leurs cultes et les religions païennes,
différences jugées tellement inconciliables que ceux-ci ont enduré de violentes
oppositions, condamnations, et martyrs pendant près de trois siècles. »
(extrait de « l’évangile selon le monde », livre I, où l’on peut lire aussi les notes de bas de page qui
n’apparaissent pas ici)
(…)
« En considérant ces
éléments nombreux, on peut au contraire comprendre combien le christianisme
repose sur le judaïsme, sans qu’on ait besoin de faire appel à des influences
étrangères tant le discours de Jésus, ses croyances, ses rites, étaient au
moins en partie partagés par les pharisiens (morale, autre lecture des textes
et de la conception plus intérieure du « Temple », idée de la vie
après la mort et de la résurrection), les esséniens (morale, autre conception
du Temple, retrait, guérisons, purification par l’eau, esprit saint,
messianisme religieux, étude des prophéties et idée de « fils de la
lumière » préfigurant celle de « fils de Dieu »), les
Samaritains (opposition au Temple, importance du rôle de Moïse et de Josué),
les nazirs et les nazôréens (spiritualité, autre conception du Temple, vie
itinérante, guérisons), les disciples de Jean-Baptiste (spiritualité, autre
conception du Temple, baptême, esprit saint, messianisme), et bien sûr avec des
références constantes aux prophéties et aux prophètes de l’Ancien Testament
(Abraham, Moïse, Isaïe…). Même l’ouverture aux Païens n’est pas une opportunité
pour le mouvement de Jésus, mais est inscrite au plus profond des textes juifs
(« Toutes les extrémités de la terre penseront à
l'Éternel et se tourneront vers lui; Toutes les familles des nations se
prosterneront devant ta face » selon les Psaumes), et plus encore au cœur
des écrits prophétiques juifs et du rôle de Jésus (puisque selon les
croyances la conversion des Païens devait être une conséquence de la venue du
Messie). De païen et d’étranger, dans la vie de Jésus racontée par les textes
chrétiens, il n’y a guère en fait que la naissance dans la crèche le 25
décembre, qu’on peut facilement rapprocher du mythe de Mithra… Mais, même là,
pas de chance pour les partisans de cette thèse: les détails de la
naissance de Jésus ne relèvent que d’une croyance populaire relativement
tardive, parfois d’Évangiles apocryphes, autrement dit rejetés par l’Église et
seulement acceptés comme traditions populaires, et enfin cette date porte une
autre symbolique, totalement liée au calendrier et à la culture hébraïque elle
aussi, comme tout le reste, ainsi que le soulignent les plus hautes autorités
de l’Église : sorte de pendant parfait au sacrifice de Jésus comme on sacrifiait
l’agneau au Temple lors de la fête de Pâques, sa naissance est en effet
fortement liée à ce même Temple: « Le premier à affirmer avec clarté que
Jésus naquit le 25 décembre a été Hippolyte de Rome, dans son commentaire au
Livre du prophète Daniel, écrit vers l'an 204, Certains exégètes remarquent
ensuite que, ce jour-là, était célébrée la fête de la Consécration du Temple de
Jérusalem, instituée par Judas Macchabée en 164 avant Jésus-Christ. La coïncidence de dates signifierait alors qu'avec Jésus, apparu
comme lumière de Dieu dans la nuit, se réalise véritablement la consécration du
temple, l'Avènement de Dieu sur cette terre » (audience générale de Benoît
XVI, décembre 2009). Nous sommes donc là bien avant l’intervention de
Constantin et les supposées « réécritures » volontaires des
Évangiles : tout était déjà écrit et propagé par la tradition depuis plus
de cent ou deux cents ans auparavant en ce qui concerne ce détail, et plusieurs
siècles auparavant encore en ce qui concerne le rôle du Messie en direction des
Païens. L’idée d’un Jésus mythique pour satisfaire aux uns ou convaincre les
autres ressemble donc fortement… à un mythe. » (extraits de « l’évangile selon le monde », livre I)
Pour le lire gratuitement cliquer ici.
Propos complétés par ceux-ci : « Quant à la date de Noël, (…) elle peut aussi bien ressembler à la
naissance de Mithra que reposer simplement sur la signification du solstice
d’hiver qui est symbolique et universelle, autrement dit rattachée au parcours
du Soleil et de la Terre, connu et visible par le monde entier, et donc
indépendante de l’influence du culte d’un seul dieu en particulier. (…). Selon
cette même thèse mythiste, tout le contenu des évangiles serait inspiré des
légendes relatives à des dieux ou demi-dieux qui vivent mille aventures (comparables
à Ulysse combattant des monstres légendaires, ce qui ressemble pourtant bien
peu à Jésus parcourant la Judée), meurent et parfois ressuscitent (dieux
écorchés, découpés en morceaux, mangés par d’autres dieux etc ;
là encore ces récits sont très nettement différents de ceux concernant
Jésus) » (extrait
de « l’évangile selon les prophètes et les
mystiques », téléchargeable librement en cliquant ici)
En fait, il semble qu’on en apprenne chaque jour davantage sur le Jésus
historique : le passage de l’œuvre de Flavius Josèphe le concernant
ainsi qu’on peut le lire sur cette autre page qui
y est dédiée, et notamment les révélations sur son nom, sa famille,
son entourage qui éclairent bien des choses…
Image extraite de « l’évangile
selon le monde »
Les liens avec d’autres philosophies, pensées, religions, sont
cependant bien réels, et d’autant plus troublants et forts. On peut lire en
effet dans « l’évangile
selon le monde » à quel point ils sont universels. Ils
rapprochent des croyances très
anciennes touchant aux symboles et aux mythes, mais encore bien
d’autres choses. Et, à la lecture de ces lignes, difficile de ne pas y voir quel message
universel se dégage, si important de nos jours. Il semble puiser dans des
signes visibles par tous de par le monde, des mythes et symboles qu’on retrouve
dans plusieurs religions et qui les relient entre elles et avec le
christianisme. Ces messages universels sont difficiles à ignorer à
notre époque, et inspirent le monde de ceux qui
croient, tel qu’il est ou pourrait être aujourd’hui.
UN ESSAI DE RECONSTRUCTION
DE L’HISTOIRE DE L’ÉCLOSION
DU CHRISTIANISME : QUELLE INFLUENCE DES CROYANCES
DU PROCHE-ORIENT, DES ESSÉNIENS,
DU COURANT DE JEAN-BAPTISTE ?
« L’évangile selon le monde »
et « l’évangile selon les prophètes et les
mystiques », tous les deux téléchargeables librement en cliquant ici,
recensent les nombreux signes de Dieu envoyés selon les croyants pour qu’on Le reconnaisse ; ils recensent les nombreux signes qui semblent avoir été
envoyés pour qu’on Le suive, tout au long de l’histoire, avant et après la vie
de Jésus. Il apparaît en effet que ceux-ci ont été très nombreux, mais qu’ils
n’ont pas souvent été vus ni compris, si ce n’est par quelques saints,
prophètes et mystiques.
Entre autres nombreux signes, ceux qui ont annoncé et préparé la venue
du Christ. Des signes nombreux, étonnants, et universels, à un point que l’on
ne soupçonne pas. Les plus connus sont ceux qui ont contribué à l’émergence de
l’espérance en un messie à venir, mais aussi l’intrusion des symboles les plus
partagés, et des croyances les plus anciennes, qui n’aurait sans doute pas été
possible dans une autre région que celle du Proche-Orient, traversée par toutes
ces influences.
« Les croyants pourront penser que cela n’a
rien d’un hasard : ces influences, ces pensées parfois semblables, ou
parfois complémentaires, ont contribué à préparer le message du Christ. En
effet, aurait-on vu l’accomplissement de tant de symboles astronomiques,
aurait-on été impressionné par la réalisation de si nombreuses prophéties et
autres interprétations de la Bible, autant d’éléments que l’on a vus dans
« l’évangile selon le monde », si ce n’était au cœur du peuple hébreu, et dans
une région où ils étaient importants depuis des millénaires, et plus
particulièrement encore après la période intertestamentaire, où les travaux sur
les Textes ont été les plus poussés ? Aurait-on été séduit par le concept
de « Fils de Dieu » si ce n’était dans une région où celui-ci avait
déjà percé, aussi bien dans le monde païen que dans la philosophie juive ?
Ces idées auraient-elles pu s’épanouir et être propagées dans tous les pays
voisins si ce n’était à cette époque et en ces lieux particuliers où les
pensées et les gens circulaient sur l’ensemble d’un empire qui s’étendait sur
toute la Méditerranée, et pratiquait une langue partagée par tous ?
Aurait-on reçu ce message si n’avaient pas précédé ceux de Jean-Baptiste et des
autres prophètes, préparant à la venue d’un messie qui allait bouleverser
l’histoire ? Tout semble s’enchaîner à la perfection, comme si tout était
écrit à l’avance, ainsi que l’annonçaient aussi les prophéties : « Je
suis Dieu et nul n'est semblable à Moi: Moi qui, dès le commencement, annonce
la fin, et, longtemps à l'avance, ce qui n'est pas encore; Moi qui dis: "Mon
dessein subsistera, et Je ferai toute Ma volonté" » (Isaïe 46,10) Les
événements semblent s’être déroulés exactement au meilleur moment, comme si
tout avait été préparé au mieux, nous rappelant cette phrase : « On entend sa voix qui crie dans le désert : préparez le
chemin du Seigneur, tracez pour lui une route droite » (Isaïe 40,3),
appliquée à Jean-Baptiste dans les évangiles (Jn
1,23) ce qui n’est sans doute pas qu’un hasard, et exprimant parfaitement ce
qui a été observé dans les faits. Aussi,
ces circonstances idéales, ces croyances convergentes, ces influences
combinées, et ces prophéties réalisées, ont permis l’éclosion du message chrétien au début du Ier
siècle, faisant suite à une effervescence mystique et messianique qui l’a
parfaitement préparée. » (extrait de « l’évangile selon les prophètes et les mystiques »,
téléchargeable librement en cliquant ici)
« Il apparaît en effet que, dans le milieu
essénien en général, et dans le cercle nazaréen en particulier, se trouvaient
tous les éléments qui ont favorisé l’éclosion du christianisme : les textes internes
mettant en avant le partage des biens, l’acceptation des femmes (voir la
description des thérapeutes par Philon d’Alexandrie), les repas en commun, les
ablutions de purification (qui ont donné lieu à la variante du baptême), l’étude
des psaumes, des prophéties… Les esséniens cultivaient le souvenir de leur
fondateur plus ou moins mythique, le « Maître de Justice » (de plus
en plus idéalisé au fil du temps, et dont on attendait le retour), la notion de
Messie (dont on imaginait le portrait idéal), et le concept de « l’Esprit
Saint », de « l’Esprit de Justice »
(les deux expressions sont tellement proches qu’elles s’écrivent avec les mêmes
lettres), comme de la « Sagesse de Dieu », du « Verbe » ou
du « Logos » (idées présentes dans la Bible déjà, et plus encore
développées à l’aube du Ier siècle, mais aussi dans la philosophie
juive de Philon et dans des courants de l’essénisme qu’il admirait). Le fait
que saint Jacques, le frère de Jésus et premier dirigeant de l’église de
Jérusalem, était vêtu de lin blanc et appelé « Le Juste » (mais de
même aussi saint Joseph, le père de Jésus), et que Jésus lui-même ait passé sa
jeunesse « au désert » (expliquant qu’il soit « apparu »
brusquement dans le monde après qu’il ait eu environ 30 ans, en fait lorsqu’il
a commencé à apporter sa nouveauté et à parcourir la Palestine après son
baptême) et soit présenté ouvertement comme « nazôréen »,
sont des affirmations bien assez claires pour tous ses contemporains. Rien
n’est caché, contrairement à ce que l’on croit parfois, sans quoi jamais l’on
n’aurait fait figurer ces éléments dans les textes canoniques. Leur sens a
simplement été en partie oublié au fil du temps, et il aurait donc été d’autant
plus aisé de supprimer ces détails du récit officiel. Mais malgré leurs défauts
(ils ont été souvent écrits en plusieurs phases et plusieurs décennies après
les faits, et ils n’ont pas un objectif historique mais apologétique, défendant
un point de vue particulier, mettant en avant tel épisode plutôt que tel autre,
la réalisation de telle prophétie plutôt que telle autre etc)
les évangiles semblent s’accorder sur l’essentiel : des phrases de Jésus,
des paraboles, la plupart des épisodes de sa vie et de sa mort. Contrairement à
ce qu’on prétend souvent, ils n’ont pas effacé ce qui aurait même pu être très
gênant (comme l’appartenance de Jésus et de membres de la famille de Jésus à un
courant préexistant et qui ne rend pas les choses faciles dans l’empire
romain : courant opposé à la domination romaine, au Temple qui était son
soutien, courant messianique proche des zélotes, prônant une rigueur importante
dans les comportements, la pauvreté… Des évangiles gnostiques, plus proches des
idées des régions nouvellement converties et des religions à la mode, auraient
été beaucoup plus habiles à promouvoir, et c’est peut-être en partie pourquoi
certains ont proliféré). Les spécialistes ne seront jamais totalement
catégoriques car des preuves purement archéologiques manqueront toujours, mais
les allusions sont nombreuses et répétées, malgré quelques nuances les
ressemblances le sont tout autant, et les choses paraissent très claires :
Jésus appartenait bien à ce mouvement nazôréen à
l’intérieur de cette sphère essénienne ou péri-essénienne, et s’est distingué
par des idées particulières, ou un parcours hors du commun. » (extrait de « l’évangile selon les prophètes et les mystiques »,
téléchargeable librement en cliquant ici)
Comme on le voit dans « l’évangile selon le monde », à
ces éléments préexistants déjà nombreux s’ajoutaient quelques particularités
propres aux régions du nord de la Palestine : repas rituels en souvenir
d’un mort en Phénicie, pratique qui s’est peut-être insinuée chez les esséniens
qui étaient établis jusque dans cette région et en Syrie, et sinon chez les nazôréens ou peu après chez les mandéens pour devenir la
« messe d’ascension des âmes » que ceux-ci célèbreront selon un rite
très semblable. Héritiers des nazôréens, terme sous
lequel ils s’appelaient eux-mêmes, ces mandéens reconnaîtront
également Jean-Baptiste comme prophète mais critiqueront Jésus, comme plus tard
également le Talmud et quelques autres textes juifs, signe à nouveau que Jésus
a bel et bien existé, et qu’il a apporté des idées particulières, des
nouveautés qui ont bouleversé voire choqué ses contemporains : là encore
rien de caché car c’est exactement ce qu’affirmait saint Paul, notamment en
1Co 1,23 (« nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et
folie pour les [Païens] »), ou ce qui apparaissait également à travers les
« épitres » et les « Actes des Apôtres » (nombreuses
difficultés, oppositions et martyrs). Quelles sont ces nouveautés ?
Peut-être bien celles qui sont présentes dans les évangiles, tout
simplement : Jésus allait vers tous (riches, pauvres, étrangers, malades,
infirmes, parias considérés comme « impurs » pour les courants
rigoristes), multipliant les guérisons et les miracles ; mais il se
présentait aussi d’une façon plus ou moins voilée comme le Messie ; et il
s’adressait à Dieu comme à son père.
En effet les conséquences sont dès
lors importantes, et s’enchaînent naturellement : dans le mouvement nazôréen ou péri-essénien
au sens large, le parcours exceptionnel de Jésus en fait le nouveau Maître de
Justice par excellence, ce Maître qui devait revenir, et qui devait assurer les
rôles de Messie-Prêtre et de Messie-Roi en même temps. Là encore rien de
caché : c’est le point de vue défendu dans le nouveau mouvement chrétien à
travers « l’épître aux Hébreux ». Et c’est ce qui a motivé la
condamnation de Jésus par les autorités juives, puis son exécution, comme cela
est affirmé dans les évangiles. Autres conséquences qui viennent
naturellement : ceux qui n’appartenaient pas à ce mouvement essénien au
sens large, ceux qui provenaient du monde païen ou d’autres courants du judaïsme,
ont pu être tentés de considérer Jésus comme uniquement humain, ou au contraire
uniquement divin, et donc donner naissance à toutes sortes de courants et de
croyances (ébionisme d’un côté, marcionisme et diverses doctrines
gnostiques de l’autre) . Mais ceux qui provenaient du même mouvement
originel où l’on pratiquait le baptême, où l’on croyait au Messie, à l’Esprit
Saint ou au Logos, et qui ont considéré Jésus comme le « Fils de
Dieu », le reconnaissaient donc comme Verbe incarné (puisque « le
Fils de Dieu » en est l’une des appellations, comme on le lit chez Philon
d’Alexandrie), et le pensaient habité par « l’Esprit Saint » ou
« l’Esprit de Justice » (selon l’un de ces deux termes esséniens qui
s’écrivent avec les mêmes lettres), ou par « la Sagesse de Dieu »
(une appellation biblique qu’on retrouve dans l’évangile selon saint Luc). Dans
« l’évangile selon le monde », on a même vu l’équivalence
gématrique (valeur numérique des mots ainsi interprétés par les lecteurs de la
Bible) entre plusieurs de ces termes, ce qui n’est sans doute pas qu’une
coïncidence.
(extrait de « l’évangile selon le monde », livre I)
Dans tout cela,
rien de propre au seul saint Paul comme on le fait croire parfois, rien de
non-canonique, et rien de caché dans les textes chrétiens là encore, où les
allusions aux mots de sagesse, aux paraboles employées par Jésus, et aux
miracles qu’il a réalisés (autant de preuves que Jésus est le Verbe incarné),
ou directement au Verbe ou à l’Esprit, sont nombreuses et très claires. Les
textes chrétiens ont logiquement fait suivre les apparitions de Jésus après sa mort par la descente de l’Esprit Saint sur ses disciples, comme
celui-ci était descendu auparavant sur Jésus lors de son baptême. À compter de
ce moment, toute la doctrine de saint Paul vient naturellement : après la
mort de Jésus, Dieu ne s’incarne plus seulement dans le Christ, mais en chacun
de ceux qui croient en lui. Ceux-ci forment donc une église qu’on peut comparer
au corps du Christ et « le Christ vit en eux » et « ils vivent
en Christ » selon ses mots. Insistant peut-être moins sur ces idées, la
communauté de Jérusalem dirigée par saint Pierre, saint Jacques et leurs
successeurs, croit cependant aux mêmes concepts, précisément parce qu’ils
étaient préexistants et révélés par la vie et la mort de Jésus, et parce qu’ils
ont été accompagnés par de nombreux signes et la réalisation de nombreuses
prophéties. Ceux-ci sont si nombreux et si impossibles à
« provoquer » intentionnellement que c’en est extrêmement troublant,
comme on l’a relevé dans « l’évangile selon le monde ».
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